Eric J. HOBSBAWM
Les Enjeux du XXIe siècle
Entretien avec Antonio Polito. Ed. Complexe, Bruxelles, 200 pages, 95 F.

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Nos lecteurs ont peut-être fait connaissance d'Eric Hobsbawm en lisant le Court XXe siècle qui fit si opportunément la une l'an dernier (cf. Etudes, janv. 2000, p. 133). Voici un complément, à bâtons rompus, simple entretien, mais riche de provocations. L'un des points de vue centraux a trait à la disparition, ou presque – dans bien des esprits –, du politique. Le marché est partout. Plus encore, l'individualisme règne : la liberté individuelle est première par rapport à toute émancipation collective (guère plus de « gauche », en conséquence), on ne mobilise plus. « Il n'est rien pour quoi il vaille la peine de mourir. » Rien non plus « qui puisse concurrencer l'argent comme échelle sociale ». Je retiens à dessein les propos les plus interrogateurs (pessimistes !). L'inquiétude vraie de notre auteur, c'est qu'il n'y ait bientôt plus d'autorité d'aucune espèce capable de prendre les décisions nécessaires ; en même temps que s'accentuent des inégalités « très préoccupantes, et pas seulement d'un point de vue moral », note-t-il. On peut discuter ces perspectives, on ne peut pas ne pas tendre l'oreille quand cela vient d'un si remarquable observateur du siècle précédent. Je signale au passage, chez cet homme qui se dit non religieux, par deux fois, des propos soulignant le rôle de Jean Paul II, notamment dans ces mots : « Le dernier grand idéologue qui critique le capitalisme comme tel. » La gauche laïque y reviendra, pense Hobsbawm ; pour l'instant, elle est en retard.

Jean-Yves Calvez

Juin 2000 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro

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